La revalorisation salariale promise à l’été 2020 n’a pas concerné tous les professionnels hospitaliers, créant des disparités entre établissements publics et privés non lucratifs. L’application des mesures du Ségur a aussi varié selon les régions et les catégories de personnels, provoquant des incompréhensions persistantes dans certains services.Les deux phases successives du Ségur ont entraîné la modification de plusieurs grilles indiciaires, l’introduction de primes spécifiques et la réorganisation de la gouvernance hospitalière. Plusieurs textes réglementaires encadrent ces changements, avec des conditions d’éligibilité parfois complexes. Les informations officielles restent essentielles pour vérifier ses droits et les démarches à effectuer.
Ségur de la santé 1 et 2 : quelles ambitions pour le système de soins français ?
Le Ségur de la santé s’est imposé comme une réponse politique directe à un système de soins français sous tension : population vieillissante, maladies chroniques qui gagnent du terrain, Sécurité sociale sous pression. En juillet 2020, syndicats et représentants hospitaliers ont accepté l’invitation du Premier ministre et du ministère chargé de la Santé pour atteindre un compromis censé changer la donne. Ce pacte, discuté dans l’urgence, repose sur des ambitions à long terme et cherche à sortir le secteur du mauvais pas.
La France alloue aujourd’hui près de 12 % de son PIB à la santé, un niveau qui la classe sur le podium de l’OCDE. Cette dépense n’est pas le fruit du hasard : avec une part des plus de 60 ans annoncée à 32 % en 2040 contre 27 % aujourd’hui, la pression démographique s’intensifie. Les maladies chroniques concernent désormais 25 millions de personnes, accaparant la majorité du budget santé et affichant une progression constante.
Le Ségur entend favoriser une offre de soins solide tout en maintenant la pérennité financière du système. Le défi se joue aussi dans l’attractivité et le maintien des vocations médicales, l’amélioration des conditions de travail et la capacité à réguler les dépenses. Les agences régionales de santé, en première ligne, adaptent les dispositifs selon les territoires et tempèrent la hausse inexorable des coûts sociaux.
Pourtant, l’équation budgétaire se complique : le déficit se chiffre à 13,8 milliards d’euros en 2024 et les perspectives ne rassurent pas pour 2025. Le Ségur de la santé doit naviguer à vue dans un contexte où chaque ressource compte. Parallèlement, l’ambition vise à moderniser la prise en charge des pathologies chroniques et renforcer la prévention à tous les niveaux, bien avant le stade critique.
Mesures phares et revalorisations : ce qui change concrètement pour les professionnels
Dans les services, les annonces se sont traduites par des changements visibles. La vague de revalorisations salariales enclenchée touche le personnel non médical des hôpitaux et des établissements médico-sociaux, pour un montant total de 7,6 milliards d’euros annuels. Les métiers sont mieux rémunérés et les établissements tels que les EHPAD ou les structures d’accueil bénéficient aussi de ce mouvement. L’objectif : rendre ces professions plus attractives et fidéliser les équipes sur le long terme.
Pour les praticiens hospitaliers, la réforme débouche sur une enveloppe de 450 millions d’euros par an dédiée à la revalorisation de leur rémunération. L’amélioration n’oublie pas la formation : 200 millions d’euros sont consacrés à l’augmentation des indemnités des internes et des indemnités de stage. Cette dynamique vise à attirer durablement les jeunes vers l’hôpital.
La transformation numérique s’accélère également. Avec le programme SUN-ES (Ségur numérique en santé) doté de 210 millions d’euros, la modernisation impulsée avec HOP’EN se poursuit. Priorité à la fiabilité de la transmission des documents de santé, à l’enrichissement du Dossier médical partagé et à la généralisation de Mon Espace Santé, aujourd’hui indispensable au suivi des patients.
L’AP-HP, pilier des hôpitaux d’Île-de-France, connaît néanmoins une situation délicate. Entre 2019 et 2023, 12 % des postes infirmiers manquent à l’appel. Conséquence, près de 19 % des lits ont dû être fermés. Pour répondre à cette situation, 15 000 créations de postes sont en projet, afin de rééquilibrer les équipes et améliorer la qualité d’accueil, tant pour les soignants que pour les patients.
Où trouver des informations fiables pour connaître ses droits et s’informer sur les évolutions à venir ?
Pour s’orienter dans le système de soins français et suivre l’évolution des réformes issues du Ségur de la santé, mieux vaut connaître les principales sources officielles. Plusieurs plateformes institutionnelles restent les repères les plus fiables et les plus actualisées pour toutes les démarches, validations réglementaires et accompagnements :
- Les services de l’Assurance Maladie offrent un panorama toujours mis à jour sur les droits, changements réglementaires et démarches en ligne, à destination tant du public que des professionnels.
- La Haute Autorité de santé (HAS) met en ligne des référentiels, guides et recommandations pour comprendre les nouveautés, les changements organisationnels ou thérapeutiques.
- Mon Espace Santé centralise le Dossier médical partagé et donne accès à une messagerie sécurisée, tout en archivant l’ensemble des documents médicaux individuels.
Le réseau MS Santé fournit la messagerie sécurisée interopérable nécessaire à l’échange d’informations confidentielles entre les soignants. Pour suivre les expérimentations en cours et découvrir les projets pilotes, les professionnels s’orientent vers l’espace dédié à l’Article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale, qui présente l’ensemble des initiatives innovantes et les modalités d’implication.
En parallèle, le portail « Ségur numérique » du ministère détaille les grandes étapes du programme SUN-ES, l’accompagnement numérique des établissements et des soignants, et prolonge les transformations entamées avec HOP’EN.
Lancé dans la tempête, ce chantier touche désormais chaque recoin de l’hôpital et de ses métiers. Reste à voir, demain, jusqu’où ce renouvellement du système de santé redessinera le quotidien du soin en France.