En 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) actualise la liste des 88 médicaments classés à éviter, certains d’entre eux étant retirés ou strictement restreints après des années d’utilisation courante. Plusieurs molécules, longtemps prescrites, sont concernées, parfois en dehors de toute alerte médiatique.
Des alternatives sont désormais recommandées par les autorités sanitaires, tandis que les ruptures d’approvisionnement accentuent la pression sur les praticiens et les patients en Europe. Les raisons avancées varient : efficacité insuffisante, effets indésirables graves ou risques accrus chez certaines populations.
Médicaments retirés du marché en 2025 : comprendre les raisons derrière ces décisions
La liste noire des médicaments à écarter lancée par la revue Prescrire s’est imposée comme repère pour de nombreux professionnels. Cette année, 88 médicaments commercialisés en France y figurent, leur utilisation n’étant plus justifiée au regard des risques encourus. Beaucoup n’ont pas prouvé une efficacité supérieure au placebo, même après des années de prescriptions. Cette sélection s’appuie sur des données solides issues de la pharmacovigilance et sur des analyses menées par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Plusieurs catégories de traitements sont dans le viseur : antalgiques, antidépresseurs, anti-inflammatoires, antitussifs, décontractants musculaires. L’exigence de sécurité domine : certains exposent à des effets indésirables graves, parfois soudains, comme de violentes réactions allergiques ou des troubles cardiaques. D’autres, tels que le phloroglucinol (Spasfon) ou les argiles médicamenteuses, se voient contestés pour leur absence de bénéfice clinique démontré face au placebo.
La Revue Prescrire salue la vigilance des autorités françaises, tout en soulignant que le rythme des retraits pourrait s’intensifier. Les professionnels de santé sont invités à consulter régulièrement la liste des médicaments à éviter et à privilégier des solutions qui ont fait leurs preuves. Pour les patients, rester attentif aux alertes de l’ANSM et vérifier les bilan médicaments avec leur médecin devient incontournable.
Quels sont les 88 médicaments à éviter cette année ?
La liste des médicaments à éviter en 2025 ne se limite pas aux produits accessoires ou aux remèdes naturels. La revue Prescrire pointe du doigt des traitements du quotidien, prescrits par habitude, dont la balance bénéfice-risque s’est révélée défavorable après examen approfondi.
Parmi les plus concernés, plusieurs anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : acéclofénac (Cartrex), diclofénac (Voltarène), coxibs (célécoxib, Celebrex), méloxicam (Mobic), piroxicam (Feldene) et ténoxicam. Ces molécules cumulent risques cardiovasculaires et atteintes digestives parfois sévères. Côté antidépresseurs, citalopram (Seropram), escitalopram (Seroplex), duloxétine, milnacipran, venlafaxine ou agomélatine sont également mis en cause pour une efficacité contestée et des potentiels effets secondaires sérieux, notamment sur le cœur.
Les décontractants musculaires méthocarbamol et thiocholchicoside, souvent utilisés en rhumatologie, n’apportent pas de bénéfice tangible et peuvent entraîner des troubles digestifs ou cutanés. Le phloroglucinol (Spasfon), très répandu en France, voit son utilité remise en question face à un risque de réactions allergiques, parfois très graves, comme le syndrome de Lyell.
Pour les argiles médicamenteuses (diosmectite, Smecta, hydrotalcite, Rennieliquo), la question du plomb et des effets neurotoxiques s’invite dans le débat. Les antitussifs (oxomémazine, pentoxyvérine, dextrométhorphane) et les fluidifiants bronchiques (ambroxol, bromhexine) combinent inefficacité prouvée et dangers potentiels, du simple malaise à des réactions allergiques ou cardiaques.
Voici les principales familles et substances identifiées :
- Anti-inflammatoires : aceclofénac, diclofénac, coxibs, méloxicam, piroxicam, ténoxicam
- Antidépresseurs : agomélatine, tianeptine, citalopram, escitalopram, duloxétine, milnacipran, venlafaxine
- Décontractants musculaires : méthocarbamol, thiocholchicoside
- Antitussifs et fluidifiants bronchiques : oxomémazine, pentoxyvérine, dextrométhorphane, ambroxol, bromhexine
- Argiles médicamenteuses : diosmectite, hydrotalcite, montmorillonite
- Phloroglucinol (Spasfon)
Il faut également garder un œil sur certains génériques et compléments alimentaires qui, sous d’autres noms, contiennent les mêmes substances actives et présentent des risques identiques.
Alternatives fiables : vers quelles solutions se tourner en cas de retrait ou de restriction ?
Quand un médicament disparaît de l’ordonnance, la tentation de foncer vers un remplaçant rapide peut être grande. Pourtant, la sécurité comme l’efficacité réclament une remise à plat de la stratégie thérapeutique, menée avec le professionnel de santé. Les alternatives ne se choisissent pas à la va-vite : chaque situation mérite réflexion partagée.
Pour soulager une douleur, le paracétamol reste une solution de référence. Son profil de tolérance, bien connu quand il est utilisé correctement, le rend pertinent dans la plupart des cas. Si ce n’est pas suffisant, l’ibuprofène ou le naproxène peuvent être envisagés, mais seulement après une évaluation minutieuse du contexte médical du patient. La règle d’or : utiliser la plus petite dose efficace et limiter la durée du traitement.
Pour les troubles respiratoires, l’approche change de registre. Faute d’efficacité des antitussifs et des fluidifiants bronchiques, les recommandations misent sur des gestes simples : boire régulièrement, nettoyer les voies nasales, surveiller les signes d’évolution. Dans la plupart des infections virales, les médicaments ne sont pas nécessaires.
Face aux maladies chroniques telles que la maladie d’Alzheimer, la tendance va vers les solutions non médicamenteuses. Accompagnement cognitif, vie sociale stimulante, adaptation de l’environnement : ces approches, portées par les sociétés savantes, montrent leur utilité tout en limitant les risques liés à l’accumulation de traitements.
Pour clarifier les principales alternatives actuellement recommandées :
- Paracétamol : à privilégier en première intention pour la douleur.
- Ibuprofène, naproxène : options possibles si le paracétamol ne suffit pas, sous réserve d’une évaluation médicale.
- Approches non médicamenteuses : rééducation, soutien psychologique, hygiène de vie.
La prudence reste de mise avec les compléments alimentaires et génériques dont la composition peut varier. Avant toute substitution, mieux vaut en discuter avec le prescripteur.
Pénuries et ruptures en Europe : quels impacts concrets pour les patients français ?
Le contexte européen ne facilite rien : la disponibilité des médicaments se fragilise sous l’effet de tensions logistiques et de décisions de retrait. Les patients français font face à des délais rallongés, des ruptures de stocks récurrentes, voire à l’absence totale de certains traitements.
La situation des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer illustre ces difficultés. Le Leqembi (lécanémab), premier traitement modifiant l’évolution de la maladie, est déjà autorisé dans une vingtaine de pays, dont plusieurs voisins européens, grâce à un feu vert de la Commission européenne et de l’EMA. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) refuse pour l’instant son accès précoce, invoquant un bénéfice modeste et des incertitudes sur la tolérance, sans compter des contraintes organisationnelles lourdes. Les traitements symptomatiques classiques (donépézil, rivastigmine, galantamine, mémantine) n’étant plus remboursés depuis 2018, l’impasse est nette.
Résultat : le fossé se creuse entre patients français et européens. En Allemagne ou en Espagne, certains ont déjà accès au Leqembi, tandis qu’en France, l’attente se prolonge. France Alzheimer et maladies apparentées dénoncent cette différence de traitement, d’autant que le coût du Leqembi, supérieur à 20 000 euros par an, reste hors de portée sans aide collective.
Pour résumer les difficultés majeures rencontrées :
- Disponibilité des traitements menacée par des ruptures de stock récurrentes.
- Inégalités d’accès aux innovations pour les patients français par rapport à leurs voisins européens.
- Coût prohibitif de certains médicaments, non pris en charge par la solidarité nationale.
Entre choix thérapeutiques à repenser, pénuries qui s’installent et espoirs d’innovation qui peinent à se concrétiser, le paysage du médicament en 2025 s’annonce mouvant. Aux patients comme aux soignants, il impose lucidité, dialogue et vigilance. La santé, plus que jamais, se conjugue au présent.